Histoire GNU/Linux
Table des matières
Introduction
De 0000-preface.adoc · master · formatux / formatux-services · GitLab :
GNU/Linux est un système d’exploitation libre fonctionnant sur la base d’un noyau Linux, également appelé kernel Linux.
Linux est une implémentation libre du système UNIX et respecte les spécifications POSIX.
GNU/Linux est généralement distribué dans un ensemble cohérent de logiciels, assemblés autour du noyau Linux et prêt à être installé. Cet ensemble porte le nom de “distribution” ou « distro ».
Le système Unix, une brève histoire
Section tirée du livre ENI « Linux - Préparation à la certification LPIC-1 (examens LPI 101 et LPI 102) - [7e édition] ».
De Multics à Unix
L’histoire d’Unix débute en 1964 quand le MIT, le laboratoire Bell Labs (centre de recherches d’AT&T) et la société General Electric développent le projet MULTICS (Multiplexed Information and Computing Service).
En 1969 Bell Labs se retire du projet.
Ken Thompson et Dennis Ritchie, développeurs chez Bell, travaillent alors à créer un nouveau système d’exploitation qu’ils nommèrent d’abord UNICS (Uniplexed Information and Computing System), par référence à Multics, puis Unix.
Le langage C
Développé en assembleur, Unix devait être en partie réécrit pour chaque nouveau modèle d’ordinateur. Dès 1970, Thompson décide de créer, avec Dennis Ritchie (puis Brian Kernighan), un langage compilé de bas-niveau, portable : le langage C.
Unix est réécrit en langage C à partir de 1973. Il devient ainsi portable d’une architecture matérielle à une autre et son développement s’accélère.
Les différents types d’Unix
AT&T décide en 1974 de diffuser le système Unix complet auprès des universités et des entreprises, sous une licence peu restrictive. La version majeure de ce système sera Unix System V Release 4 (SVR4).
À partir de 1977, l’université Berkeley développe sa propre version d’Unix : Unix BSD (Berkeley Software Distribution), qui se répand rapidement dans les autres universités.
Les deux branches de type Unix vont assez vite diverger. De nombreuses sociétés proposent leur propre version propriétaire d’Unix (Solaris de Sun, HP-UX pour Hewlett-Packard, AIX d’IBM, etc.).
Au cours des années, différents organismes vont s’efforcer de proposer des standards ou des normes pour les systèmes de type Unix. Finalement, un organisme unique, The Open Group, devient propriétaire de la marque Unix, et définit des spécifications pour ce type de système d’exploitation : Single UNIX Specification (SUS), largement inspirées des normes mises en place par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) pour les systèmes portables : les normes POSIX (Portable Operating System).
Unix est de ce fait un standard ouvert : ses spécifications sont connues et chaque éditeur de système Unix commercial ou gratuit désirant assurer une compatibilité avec l’ensemble des Unix peut implémenter ce standard.
Les origines du logiciel libre
En 1983, Richard Stallman (RMS), informaticien au laboratoire d’intelligence artificielle du MIT, décide d’écrire un nouveau système d’exploitation, entièrement libre d’accès, d’utilisation, de modification et de redistribution. Basé sur Unix il le nomme GNU (Gnu’s Not Unix). Pour que ce système soit opérationnel, il faut un noyau, un compilateur C et un ensemble d’utilitaires (pour gérer le démarrage du système, les fichiers, les comptes utilisateurs, etc.). Stallman, qui a déjà écrit le célèbre éditeur de texte Emacs, crée donc un compilateur puis redéveloppe la plupart des commandes utilitaires d’Unix.
La conception d’un noyau est beaucoup plus complexe et nécessite une phase théorique importante. Le projet GNU HURD (Hird of Unix Replacing Daemons) est lancé. Il n’a toujours pas abouti, la dernière version 0.9 date de décembre 2016.
Richard Stallman (photo personnelle de l’auteur)
Pour défendre le logiciel libre, Richard Stallman crée en 1985 une fondation, la FSF (Free Software Foundation) qui diffuse les idées du logiciel libre, en opposition avec les logiciels « privateurs ». Parmi ses travaux figure la rédaction d’une licence spéciale pour les logiciels libres, appelée la GPL (General Public License). Un logiciel libre garantit quatre libertés :
-
Liberté 0 : la liberté d’utiliser un logiciel.
-
Liberté 1 : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme et de l’adapter à votre besoin.
-
Liberté 2 : la liberté de redistribuer des copies.
-
Liberté 3 : la liberté d’améliorer le programme et de diffuser les améliorations au public.
Les libertés 1 et 3 nécessitent d’avoir obligatoirement accès au code source du programme. La liberté 3 définit la notion de communauté autour du logiciel libre.
Le logiciel libre (free) est à prendre au sens de « liberté » et non pas gratuit. Il est tout à fait légal d’exploiter commercialement un logiciel libre. Mais, en vertu des libertés 2 et 3, il doit être possible d’obtenir gratuitement une copie modifiable.
Le développement de HURD avance peu. Ses développeurs ont pris le pari de développer un micro-noyau : les composants de base du système d’exploitation sont « éclatés » en plusieurs sous-unités indépendantes mais devant communiquer ensemble. Ce choix théorique est difficile à implémenter techniquement. Le projet GNU ne disposait donc pas d’un noyau opérationnel, c’est Linux qui va permettre de faire aboutir le projet.
GNU/Linux
Linus Torvalds
L’histoire de Linux commence quand Linus Torvalds, jeune étudiant finlandais à l’université de Helsinki âgé de 21 ans, acquiert en 1991 un ordinateur à base de processeur intel 80386. Son PC est livré avec MS-DOS, un système d’exploitation n’exploitant pas les capacités de ce processeur. Il décide alors d’installer un autre système d’exploitation, Minix, un petit Unix simple et gratuit développé par Andrew Tanenbaum à des fins pédagogiques.
Linus Torvalds
Linus Torvalds décide ensuite de se lancer un défi personnel : développer un noyau de type Unix, pour pouvoir utiliser les outils logiciels créés au sein du projet GNU qui prendra le nom de Linux. La première version diffusée, la version 0.02 de 1991, permet d’utiliser le shell (interpréteur de commandes) et gcc (compilateur C). Elle est annoncée ainsi sur le groupe de discussions (newsgroup) comp.os.minix :
« Vous regrettez les beaux jours de Minix-1.1, époque bénie où les hommes étaient dignes de ce nom et écrivaient leurs propres pilotes de périphériques ? Vous cherchez à vous investir dans un projet original et vous vous languissez d’un système modifiable à votre convenance ? Vous êtes frustré que tout fonctionne sous Minix ? Vous regrettez les nuits blanches passées à tenter d’implanter un programme récalcitrant ? Si tel est le cas, lisez ce qui suit : Comme signalé il y a un mois, je travaille actuellement sur une version libre d’un système analogue à Minix pour ordinateur AT-386. Ce système est à présent utilisable (mais peut-être ne vous conviendra-t-il pas, tout dépend de ce que vous recherchez) et je compte en diffuser les sources. Il s’agit pour l’instant de la version 0.02, capable néanmoins d’exécuter bash, gcc, gnu-make, gnu-sed, compress, etc. »
Le succès communautaire
Grâce à Internet, une communauté Linux se forme, le développement s’intensifie avec une version 0.03 puis 0.10. En 1992, une interface graphique de type X11 est implémentée sur Linux. La version 1.0 sort en janvier 1994.
Les années 1994-1997
Les années 1994-1997 voient l’apparition des principales « distributions » Linux : Red Hat, Debian, SuSE, Slackware, Mandrake. Linux ne cesse de s’améliorer, avec l’arrivée notable de la modularité et de la version 2.0. Linux commence à se faire connaître en entreprise. Les projets foisonnent, et l’idée d’ouvrir le système au domaine du poste de travail (desktop) débute, avec le développement d’environnements utilisateurs graphiques comme Gnome ou KDE.
La mascotte de Linux appelée Tux date de 1996 et a été créé par Larry Ewing à l’aide du logiciel libre GIMP. Tux, souvent pris pour un pingouin représente en réalité un manchot.
Tux, la mascotte de Linux
Linux aujourd’hui
Linux est reconnu comme un système d’exploitation stable, robuste et performant. Il est utilisé dans plus du tiers des serveurs dans le monde et dans les deux tiers des serveurs web. Il a conquis le monde de l’entreprise, le monde universitaire, le monde scientifique. En novembre 2019, 100 % des ordinateurs du top 500 des ordinateurs les plus puissants au monde possèdent un système d’exploitation basé sur Linux.
Linux a su conserver son indépendance, garantie par la communauté et le nombre de contributeurs, face aux géants de l’informatique. Ces derniers sont cependant les plus gros contributeurs : Intel, AMD, Samsung, IBM, Texas Instruments, parfois même devant les éditeurs de distributions Linux. Microsoft a fini par rejoindre le mouvement, devenant en juillet 2019 le cinquième contributeur au noyau Linux.
Linux s’est imposé dans le secteur des serveurs, mais également dans d’autres secteurs de l’informatique embarquée. Les diverses « box » des fournisseurs d’accès à Internet fonctionnent pour la plupart sous Linux. La très grande majorité des boîtiers multimédias aussi. Et, surtout, c’est dans l’informatique embarquée (téléphones, tablettes, Smart TV, GPS, etc.) que Linux a su s’imposer. Le système Android de Google, dérivé de Linux, représente en 2022 près de 70 % des parts de marché des OS mobiles.
Linux est également un acteur majeur de la technologie Cloud. Amazon, Google ou OVH proposent des solutions s’articulant autour de Linux. On crée une machine virtuelle dans le cloud avec un OS Linux en quelques clics.
Linux n’a pas vraiment percé sur le marché du poste de travail, où il représente en 2023 moins de 5 % des systèmes installés. C’est la raison pour laquelle les certifications LPIC sont très orientées serveur.
Les distributions
Généralités
https://fr.wikibooks.org/wiki/Le_système_d’exploitation_GNU-Linux:
Remarque : il est bon de noter que Linux n’est pas un système d’exploitation en lui-même mais un noyau (ou kernel). Il devient système d’exploitation lorsqu’il est accompagné de GNU et des applications qui s’y greffent. Cet ensemble est appelé une distribution. Par abus de langage, on utilise couramment l’appellation Linux pour désigner GNU/Linux et donc « distribution Linux » au lieu de « distribution GNU/Linux ». Retenez donc que lorsqu’on parle de Linux, le plus souvent on désigne l’ensemble Linux + GNU (On ne peut utiliser Linux seul ou GNU seul).
Linux - Préparation à la certification LPIC-1 (examens LPI 101 et LPI 102) - [7e édition] :
Une distribution est composée d’un noyau Linux, d’un ensemble d’outils logiciels permettant de mettre en œuvre le système et ses services, d’administrer les ressources de la machine et les comptes utilisateurs, ainsi qu’un grand nombre d’applications. Chaque distribution inclut des outils permettant d’installer le système d’exploitation lui-même et les composants logiciels, sous forme de paquets logiciels (packages). Ces éléments sont disponibles via Internet, sur des sites appelés des « dépôts logiciels ».
Il existe un très grand nombre de distributions, commerciales ou non, orientées serveur et/ou poste de travail, ou informatique embarquée. Nous allons présenter les plus importantes d’entre elles.
Arbre généalogique des distributions : Linux Distribution Timeline (Wikipedia)
-
distribution = collection de logiciels formant un système d’exploitation fonctionnel
-
composants clés :
- noyau Linux
- bibliothèques et utilitaires systèmes essentiels, au premier rang desquels la bibliothèque C (le plus souvent
glibc
pour « GNU C library ») - gestionnaire de paquets
- une collection d’applications et d’utilitaires en fonction de la destination de la distribution :
- outils en ligne de commande
- interface graphique pour les distributions de bureau + applications utiles (navigateur web, suite de productivité, applications multimédia…)
- configuration et paramétrage
-
développée par communauté d’utilisateurs ou organisation/entreprise
-
se distingue par :
- famille à laquelle elles appartiennt (Debian, Red Hat, SUSE…)
- but (bureau, serveur, sécurité…)
- outils d’administration (gestionnaire de paquet…), format des paquets
- cycle de vie
- le support !
Une distribution GNU/Linux est donc composée du noyau Linux, d’outils de base GNU, d’une suite logicielle particulière avec une configuration préétablie, et d’outils d’administration propres à la distribution comme l’installateur ou le gestionnaire de paquetages logiciels. (source : Linux - Principes de base de l’utilisation du système, 8e édition)
Tableaux récapitulatifs
Les trois matriarches :
Distribution | Debian | SUSE Linux Enterprise Server (SLES) | Red Hat Enterprise Linux (RHEL) |
---|---|---|---|
Création | 1993 | 1994 | 1995 |
Tuteur | Debian Project | SUSE | Red Hat |
Type | Communautaire | Commerciale | Commerciale |
QG | Sans | Allemagne (Nuremberg) | États-Unis (Raleigh) |
Format de paquet | deb | rpm | rpm |
Gestionnaire de paquets | dpkg / apt | zypper | dnf (post v8) / yum |
Cycle de sortie | ~2 ans | Versions majeures ~3-4 ans, Service Pack ~1 an (juin/juillet) | Versions majeures ~3-4 ans, versions mineures ~6 mois (mai/novembre) |
Durée du support (standard - étendu) | 3-5 ans | 10-13 ans | 10-13 ans |
Leurs principales dérivées :
Distribution | Ubuntu | openSUSE | Fedora |
---|---|---|---|
Création | 2004 | 2006 | 2003 |
Tuteur | Mark Shuttleworth / Canonical | openSUSE Project (sponsored by SUSE) | Fedora Project (sponsored by Red Hat) |
Type | Commerciale/communautaire | Communautaire | Communautaire |
Format de paquet | deb | rpm | rpm |
Gestionnaire de paquets | dpkg / apt | zypper | dnf |
Cycle de sortie | LTS : 2 ans (avril) Intérim : 6 mois (avril/octobre) | Annuel (version mineure) | ~6 mois |
Durée du support | LTS : 5 ans (10-12 ans étendu) Intérim : 9 mois | ~18 mois | 13 mois |
Debian
Le projet Debian a été fondé en 1993 par Ian Murdock, décédé en décembre 2015. Le nom Debian est la contraction de Debra (sa femme) de son propre prénom, Ian. Debian a longtemps été la seule distribution entièrement et uniquement composée de logiciels libres et open source ce qui lui vaut toujours le nom officiel de Debian GNU/Linux.
Chaque version de Debian porte le nom d’un personnage du film Toy Story : Woody, Sid, Jessy, Potato, Buster… Les avantages de Debian sont nombreux :
- un nombre de paquets logiciels qui se chiffre en milliers,
- un logiciel d’installation, APT, pratique et performant,
- une distribution 100 % open source,
- une grande stabilité pour un environnement de production,
- de nombreux dépôts de logiciels.
Quelques points faibles :
- des paquets logiciels souvent anciens dans les dépôts stables,
- des mises à jour de la distribution irrégulières et très espacées,
- des risques liés à la multiplication des paquets et des dépendances,
- une installation et une configuration parfois compliquées,
- un support commercial inexistant.
Depuis juin 2023, Debian est en version stable Debian 12 Bookworm. La version avec support long (LTS, Long Time Support) est la Debian 10 « Buster », jusqu’au 30 juin 2024.
Ressources utiles :
- site officiel
- FAQ Debian
- Les cahiers du débutant
- guide de référence Debian, « destiné à procurer un large aperçu du système Debian en tant que guide de l’utilisateur d’un système installé. Il couvre de nombreux aspects de l’administration du système à l’aide d’exemples de commandes de l’interpréteur pour les non-développeurs. »
- Les cahiers de l’administrateur Debian (s’arrête à Debian 11, 2022)
- Wiki Debian officiel
- Wiki Debian-Facile
- Wiki Debian-fr
Les trois versions
De Chapitre 3. Choisir une distribution de Debian :
-
Stable est solide comme le roc. Elle ne casse pas et a une prise en charge complète de la sécurité, mais peut ne pas gérer le matériel le plus récent.
-
Testing a des logiciels plus à jour que Stable et est cassée moins souvent que unstable. Mais lorsque cela arrive, la correction met du temps à être appliquée. Des fois il peut s’agir de plusieurs jours et dans certains cas plusieurs mois. Testing n’a par ailleurs pas de prise en charge permanente de la sécurité.
-
Unstable a les logiciels les plus récents et change beaucoup. Par conséquent, elle peut être cassée à n’importe quel moment. Cependant, les problèmes sont souvent corrigés en quelques jours et cette distribution offre toujours les dernières versions des logiciels empaquetés pour Debian
L’une des principales raisons pour laquelle de nombreuses personnes choisissent Debian plutôt que d’autres distributions Linux est qu’elle demande très peu d’administration. Les gens désirent un système qui fonctionne, tout simplement. De manière générale, on peut dire que la distribution stable exige très peu de maintenance alors que testing et unstable demandent une maintenance constante à l’administrateur. Si vous utilisez stable, tout ce dont vous avez à vous soucier est d’appliquer les mises à jour de sécurité. Si vous utilisez testing ou unstable, c’est une bonne idée d’être au courant des nouveaux bogues découverts dans les paquets installés, les correctifs et fonctionnalités introduits, etc.
Ubuntu
Le créateur de la distribution Ubuntu, le milliardaire sud-africain Mark Shuttleworth, est un ancien informaticien ayant contribué au projet Debian. Il a créé la distribution Ubuntu Linux en 2004, développée et maintenue par sa société Canonical, avec un budget initial de 10 millions de dollars. Le mot Ubuntu est un mot du langage africain bantou signifiant « je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous »..
Cette distribution, dérivée de Debian, a pour objectif de fournir des logiciels plus récents et très fortement axés sur la convivialité et l’ergonomie. Ses points forts sont les suivants :
- issue de Debian,
- compatible avec les paquets logiciels de Debian,
- système d’installation très simple,
- sortie tous les 6 mois,
- environnement graphique spécifique et orienté utilisateur final.
Cette distribution est idéale comme poste de travail pour les utilisateurs finaux, les débutants et les étudiants en informatique. Elle est conçue pour être simple à installer et à utiliser. Elle est également très utilisée dans sa version serveur d’entreprise.
C’est la distribution la plus téléchargée et installée dans le monde. Les concepteurs d’Ubuntu innovent fortement et proposent régulièrement des éléments logiciels spécifiques. Le nombre de dépôts et la logithèque sont considérables. Tous les deux ans une nouvelle version avec un support prolongé (LTS, Long Term Support) es publiée : c’esr celle qui est utilisée par plus de 90% des utilisateurs et qui fait référence.
Chaque version est accompagnée d’un nom composé de deux mots : un nom d’animal et un adjectif, suivant l’ordre alphabétique. On désigne souvent une version par son adjectif : precise, rary, trusty. Les distributions sortent en avril et octobre, le numéro majeur étant l’année, et le numéro mineur correspondant au mois (04 ou 10). La version 17.04 (avril 2017) a clôturé l’alphabet avec Zesty Zapus. La version 17.10 a repris le cycle avec Artful Aardvark. En février 2025, la version LTS est la 24.04 Noble Numbat.
Les versions LTS (Long Term Support) sortent tous les deux ans et disposent d’un support prolongé : cinq ans à partir de la version 12.04. Du fait de leur cycle de sortie court, les versions LTS disposent d’un noyau récent. La version LTS est bien supportée par la plupart des constructeurs et est un excellent choix pour un serveur : très stable, elle est par exemple la distribution de choix pour travailler avec les serveurs Amazon AWS, ou encore les conteneurs Docker. De plus, Ubuntu est gérée par une entreprise, Canonical, qui peut assurer un support payant.
Liens utiles :
Les distributions de type Red Hat
RHEL
La société Red Hat, éditant la distribution, a été fondée en 1995 par Robert Young et Marc Ewing. Les distributions de type Red Hat proposent des outils spécifiques :
- Un type de paquets logiciels, RPM (Red Hat Package Manager)
- Un programme d’installation : Anaconda
- Des outils de gestion de la configuration
Red Hat se concentre sur le monde de l’entreprise avec des distributions commerciales appelées RHEL (Red Hat Enterprise Linux) :
- Des versions professionnelles destinées aux entreprises.
- Des solutions du poste de travail au plus gros serveur.
- Des architectures matérielles nombreuses.
- Un support technique professionnel mais payant.
- Des mises à jour assurées pendant sept ans, voire plus avec un support étendu.
Red Hat est donc l’une des distributions les plus utilisées en entreprise et ceci pour de nombreuses raisons :
- La distribution existe depuis de nombreuses années et bénéficie du support d’un grand nombre d’éditeurs.
- Red Hat propose un support de très haut niveau.
- Red Hat propose tout un écosystème autour de sa distribution : Cloud, virtualisation, serveurs applicatifs, stockage, automatisation, etc.
En 2019, IBM a racheté Red Hat pour 34 milliards de dollars.
La version de RHEL en février 2025 est la 9.5. Elle se base sur le noyau 5.14.
Site web : https://www.redhat.com
CentOS
La distribution CentOS (Community Enterprise Operating System) était une copie open source, gratuite et téléchargeable de RHEL dont tous les noms et visuels Red Hat, ainsi que les composants non libres, avaient été supprimés. Les mises à jour suivaient de quelques jours celles de Red Hat, et les deux distributions étaient entièrement compatibles. Cette distribution était donc souvent utilisée en entreprise.
En 2020, Red Hat a inopinément annoncé la cessation de CentOS au profit de la version à publication continue (rolling release), nommée CentOS Stream, créée un an plus tôt pour tester les nouveautés des futures versions de RHEL. Elle n’est donc plus compatible avec les versions stables de RHEL et constitue une sorte de Bêta, là où Fedora est l’Alpha.
Ce bouleversement a donné naissance à deux projets qui se sont donnés pour objectif de proposer des distributions entièrement compatibles avec RHEL : Rocky Linux et AlmaLinux.
CentOS Stream reçoit des mises à jour pendant 5 ans uniquement au lieu de 10.
Rocky vs Alma
https://rockylinux.org/ – https://almalinux.org/
AlmaLinux et Rocky Linux sont deux distributions Linux qui ont été créées pour remplacer CentOS.
Rocky a été créée par le fondateur de CentOS avec une forte insistance sur la gouvernance communautaire et l’indépendance des intérêts financiers, tandis qu’AlmaLinux a été initialement créée par l’entreprise CloudLinux qui a ensuite mis en œuvre une gouvernance communautaire.
Ces deux projets sont très similaires mais ont quelques différences notables qui peuvent aider à les départager :
- suite à la décision de Red Hat/IBM en 2023 d’interdire la réutilisation du code source de RHEL à ses clients, Rocky Linux a choisi de maintenir son objectif d’être identique à 100% en s’appuyant sur des instances de cloud public et des images de base universelles basées sur RHEL pour récupérer le code source. AlmaLinux a choisi de viser uniquement la compatibilité avec l’Interface Binaire d’Application (ABI) de RHEL, et pour y parvenir elle utilise le code source de CentOS Stream que Red Hat continue de rendre disponible.
- AlmaLinux est la distribution officiellement sélectionnée par le CERN et le Fermilab
- AlmaLinux peut parfois proposer des patchs de sécurité un peu plus vite que RHEL et Rocky, et même des fonctionnalités qui ne sont pas dans RHEL (comme leur système de migration ELevate) puisqu’elle ne se limite pas à sa simple réplication
- Rocky a levé 26 millions de dollars auprès d’un fonds d’investissement en 2022 sans autre source récurrente, tandis qu’AlmaLinux bénéfie d’une dotation de 1million/an par CloudLinux.
En somme, Rocky est la plus proche et maintient l’objectif de CentOS de pure réplication de RHEL, tandis qu’AlmaLinux a davantage de marge pour offrir des fonctionnalités supplémentaires tout en restant compatible en termes d’exécution des applications.
Article le plus intéressant comparant les deux : AlmaLinux vs. Rocky Linux: Exploring the Key Differences | OpenLogic.
:::info
Le nom « Rocky Linux » vient d’un des cofondateurs de CentOS :
« Thinking back to early CentOS days… My cofounder was Rocky McGaugh. He is no longer with us, so as a H/T to him, who never got to see the success that CentOS came to be, I introduce to you…Rocky Linux »
— Gregory Kurtzer, Founder
:::
Aspect | Rocky Linux | AlmaLinux |
---|---|---|
Infrastructure de construction | Entièrement contrôlé par la communauté via le système de construction Peridot, garantissant transparence et reproductibilité. | Initialement reposait sur l’infrastructure de CloudLinux mais utilise désormais des systèmes indépendants. |
Fréquence des versions | Un peu plus lent, en mettant l’accent sur la stabilité et la prévisibilité. | Mises à jour plus rapides, y compris des patchs de sécurité, grâce à son orientation vers les entreprises. |
Outils de migration | Compatible avec les outils de migration standard. | Inclut le projet Elevate, qui simplifie les mises à niveau depuis CentOS 7. |
Mises à jour de sécurité | Mises à jour communautaires, méthodiques mais légèrement plus lentes. | Patchs rapides utilisant une infrastructure de niveau entreprise. |
Contexte :
Autres comparaisons :
- Rocky Linux vs. AlmaLinux: Which is better? | TechTarget
- Rocky Linux vs. AlmaLinux: Which Should You Choose? – Jaspreet Singh
Articles de sponsors d’Alma qui font des insinuations perfides sur Rocky tout en mettant en lumière des points réels :
Fedora
Le projet communautaire Fedora propose de multiples versions de sa distribution de type Red Hat, du poste de travail graphique au serveur en passant par l’Internet des Objets ainsi qu’une version optimisée pour les conteneurs, intégrant les toutes dernières versions de logiciels et proposant de nombreuses expérimentations. Ce projet suit un cycle de développement rapide (six mois environ).
Fedora est un laboratoire de développement : les évolutions de la distribution fournissent la base de la future version de distribution Red Hat. L’ensemble manque parfois un peu de cohérence, mais les versions stables de Red Hat dérivent toujours d’une Fedora.
En version 41 en février 2025, Fedora est la distribution idéale pour qui souhaite découvrir et tester les dernières innovations de l’écosystème Linux.
Site web : https://getfedora.org
SUSE et openSUSE
SUSE est une distribution d’origine allemande datant de 1994. Le nom de l’entreprise lui-même était un hommage à Konrad Zuse, un des inventeurs des ordinateurs modernes.
La distribution SUSE Linux Enterprise Server (SLES), commercialisée par la société SUSE Software Solutions, est l’autre grande distribution d’entreprise. D’une grande qualité et disposant d’un excellent support (payant) de son éditeur, c’est un très bon choix pour des serveurs d’entreprise. SUSE est l’un des plus gros concurrents de Red Hat. SLES est en version 15 en février 2025.
Voir SUSE Linux Enterprise Server Distribution | Linux Server | SUSE.
openSUSE
Geeko, mascotte openSUSE
Variante gratuite communautaire, disponible dans une version stable appelée Leap basée sur SLES, et une version en publication continue avec les dernières versions disponibles appelée Tumbleweed.
Elle n’est pas aussi populaire que d’autres distributions communautaires comme Debian et Fedora, en dépit de ses excellents outils d’administration et de sa réputation de grande qualité technique.
La dernière version openSUSE stable, appelée Leap, est la 15.6 en février 2025.
Site officiel : https://www.opensuse.org
Les autres distributions
Il existe de très nombreuses distributions Linux, d’une durée de vie plus ou moins grande, proposée par des entreprises, des organismes à but non lucratif, voire par quelques développeurs bénévoles. Parmi elles, on peut citer :
Slackware : c’est l’une des plus anciennes distributions. Elle est extrêmement dépouillée. Son installateur est minimal et la plus grande partie de la configuration doit être effectuée à la main. Elle ne dispose d’aucun gestionnaire de paquets logiciels. Slackware est en version 15 en février 2023.
ArchLinux : c’est une distribution minimale, permettant de n’installer que les composants nécessaires.
LFS (Linux From Scratch). Il s’agit d’un guide proposant une méthode pour construire complètement une configuration système.
Il existe également de nombreux dérivés de distributions. Par exemple, Kubuntu est une distribution Ubuntu pleinement supportée mais intégrant l’environnement bureautique KDE, Ubuntu dérivant elle-même de Debian. CentOS, Rocky Linux et AlmaLinux OS dérivent de RHEL, Mint dérive d’Ubuntu, etc.
On peut également trouver des minidistributions qui tiennent sur un CD ou une clé USB, utilisables pour dépanner un ordinateur.
Une liste non-exhaustive des distributions Linux est disponible sur le site Distrowatch.
On peut tester le liveCD de nombreuses distributions (sans connexion réseau) via le site Distrosea.